Le tambour est l’emblème de cette énergie, et plus largement les percussions, de Cuba, à Trinidad, en passant par Saint Domingue, Haïti, la Guadeloupe et la Martinique. Nos cousins de la Guyane, héritiers des valeurs antillaises les ont, en plus, synthétisées grâce aux apports des ethnies présentes sur leur sol et celles du proche Brésil.
Le tambour martiniquais, longtemps confiné dans le pur folklore, a été revalorisé dans l’histoire récente de plusieurs manières.A travers les actions culturelles voire idéologiques au début des années 70, puis dans le cadre des pratiques d’associations ou d’animateurs culturels de Fort-de-France à partir de 1974. Un autre espace sur le web décrira cette histoire spécifique. Concernant le carnaval, il n’y avait jamais eu de présence massive du tambour et des percussions, ni même de musique ambulatoire dans les rues martiniquaises, avant l’initiative prise en 1975 par Yv-Mari Séraline, animateur culturel de la ville de Fort-de-France,assisté de J.C. Lamorandière, Daniel Bétis, ses stagiaires de l’ époque, qui ont rameuté tous les amateurs de rythmes pour le premier vidé aux tambours dans le carnaval martiniquais.
Depuis cette année et en s’amplifiant le mouvement est devenu celui des orchestres de rues, les percussions étant complétées par des sections de cuivres, prestations agrémentées par la présence de danseuses précédant les musiciens.
La Guadeloupe connaissait déjà cette utilisation des percussions et notamment des instruments avec peau naturelle dans son carnaval. L’emblème en est Akiyo, célèbre « group a po ».
Nos orchestres de rues ont largement compensé un retrait des orchestres classiques animant habituellement les chars durant les parades, mais sans les remplacer, car il s’agit de deux types d’expression musicale différents,chacune ayant sa valeur et son public.
Les chansons de carnaval , œuvres des compositeurs découvertes seulement à l’occasion de concours, ou création enregistrées sur CD, constituent le répertoire s’accumulant d’année en année pour nourrir le divertissement dans la rue et dans les soirées privées ou publiques.
La couleur traditionnelle avec les voix caractéristiques des chanteurs populaires, ses airs faciles à reprendre même sur des thèmes très caustiques, ont laissé progressivement la place à des purs produits du show business local.
Ou alors, les vieilles chansons connues sont déformées sur l’air du lampion et réduites à leur plus simple expression sinon détournées en injures et autres leitmotivs pornographiques. La rue invente ses thèmes le temps d’un carnaval, et parfois une bonne trouvaille fait son effet et revient l’année d’après.
Tanbou Bo kannal, associé existant sous ce nom depuis les années 80, s’appuie sur une démarche culturelle commencée en 1973 dans le quartier Rive-Droiteautour de Victor Treffe, Nico et Christian Gernet et bien d’autres, développée dans le cadre du GICA (association déclarée), groupe d’intervention culturel antillais, mis en place par Yv-Mari Séraline principalement avec les jeunes du quartier.
Ils ont été l’ossature du grand vidé aux tambours et percussions de 1975, dans lequel il y avait des jeunes des quartiers de Fort-de-France (Rive-Droite, Morne Pichevin, Grozanville, Redoute, Dillon, Trinité) et de communes notamment Saint-Joseph, Schoelcher. Après cette étape, plusieurs démarches se sont succedées jusqu’à TBK (La vwa Pitchan). Aujourd’hui, le groupe TBK/association, fait un travail particulier dans le carnaval et la musique déambulatoire, et est le seul à présenter un véritable ballet traditionnel devant les musiciens durant les parades et utilise les tambours de manière traditionnelle (main nues et baguettes sur peau naturelle).
Le tambour a évolué, passant du tambour à peau naturelle sur fût en bois, lourd et encombrant pour devenir un tambour inventé, utilisant des bouts de tuyau en PVC de tailkle variable sur lesquels sont montés une peau synthétique de batterie ou de timbalés. Plus raprement il y a la combinaison des 2. Le serrage reste artisanal. Pour les son graves on utilise de véritable bidons de plastique de grande taille.
Les tambours sont complétés par des caisses claires, des toms médiums et très souvent par des instrument brésiliens, et naturellement par le tibwa, bambou frappé, et les sonnailles ou autres cloches et calebasses.
Beaucoup moins de tanbouyé jouent à mains nues.