Dans tous les pays où le carnaval occupe une place indiscutable, les activités peuvent être encadrées ou gérées par les pouvoirs publics, mais ce sont les comités et associations qui en Martinique font l’essentiel.Les Antilles françaises ou département français d’Amérique, ont un carnaval dans lequel se complètent la spontanéité, le défoulement propre à cette fête et des activités nécessitant de l’organisation telles que la réalisation de chars, l’organisation d’élections de reines, les prestations des groupes costumés et des orchestres de rue.
Comme à la Guyane et en Guadeloupe, les manifestations sont déclenchées dès janvier plus ou moins tôt selon le département et se poursuivent de week-end en week-end jusqu’aux mardi gras et au mercredi des cendres qui sont la période culminante de cet évènement. Quelques activités sont encore programmées à la mi-carême.
L’ organisation du carnaval progresse
L ‘exemple des orchestres de rue: la recherche d’un encadrement de qualité
Choix d’un répertoire. Planification de réunions pour l’administration et la gestion. Recherche de contrats. Programmation de manifestation sur six mois, voire un an ou plus. Création d’un répertoire. Séances de répétitions pendant de long mois. Trouver des chorégraphies. Parfois enregistrement d’un disque. Conception et réalisation de costumes . Financement des tenues et du matériel de musique. Recherche d’argent pour les déplacements hors Martinique. Participation à des parades et quelquefois des podiums. Être à l’heure. Respecter les circuits. Être bien en rang, aussi bien danseuses que musiciens. Respecter le répertoire. S’occuper de la sécurité des participants, car quand le groupe a démarré, personne ne peut y entrer, les uniformes permettent immédiatement de déceler l’intrus.
Ouf.
Ainsi, les orchestres de rues de la Martinique, comme d’ailleurs toute fanfare, orchestre ambulant, banda, batucada, etc…sont des modèles d’organisation, associations gérées comme des petites armées, ou des grandes familles. Ils font honneur à l’esprit d’entreprise, car ils savent trouver de l’argent, des sponsors, des subventions et monnayer leurs services.
Leurs membres sont parfaitement encadrés dans un système où rien n’est laissé au hasard.
Les O.R. martiniquais, déclarés et existant formellement depuis environ une vingtaine d’années, sont rassemblés au sein d’un collectif capable d’impressionner voire d’influencer des hommes politiques et l’administration. Compte tenu de la logique d’animation choisie par les communes, ils sont d’ailleurs devenus incontournables dans les programmes d’animation.
Ils ont créé un style qui a les faveurs de nombreux spectateurs qui durant le défilé des orchestres peut entendre des rythmes soutenus, et arrangés d’un groupe à l’autre dans le même esprit, mis à part les riffs de cuivres chez quelques ensembles et quelquefois un son de konn lambi.
Ils font mentir par la réalité de leur fonctionnement organisé, avec des participants bien canalisés, ceux qui pensent que le carnaval martiniquais est seulement « spontané », commandé par l’improvisation, indiscipliné, dans lequel on chante n’importe quoi, et s’habille n’importe comment.
L’ évolution de nos groupes leur a permis d’abandonner les pratiques des percussions traditionnelles dont les peaux naturelles des tambours étaient jouées à mains nues, pour les puissantes frappes de baguettes adaptées aux instruments modernes: caisses claires, tom basse, et autres fûts manufacturés de batteries et fanfares qui remplacent peu à peu les récipients en plastique faisant usage de grosse caisse.
Cette forme d’harmonisation des pratiques se vérifie dans les parades où les groupes défilent en rang serrés avec leurs danseuses exécutant des chorégraphies aujourd’hui bien identifiées et reconnaissables. Elle se confirme par le respect de la présentation collective (costumes, coiffes).
Compte tenu de la prédominance des orchestres de rue, l’amateur martiniquais, autant que le visiteur découvrant notre carnaval, recueille probablement une impression d’ensemble favorable, devant ce carnaval bien organisé : plus de rigueur, une meilleure organisation, du spectacle ordonné et bien propre. En cela les O.R. rejoignent les responsables de comités ou de production carnavalesques qui ont toujours organisé à l’avance leur activité depuis que cette fête existe.
Grâce à ces évolutions et la rigueur de leur organisation, qui peut parfois entraîner une impression de monotonie, les O.R. peuvent ainsi aisément sortir du cadre du carnaval et intervenir tout simplement comme « orchestre », pour toute manifestation, car « groupe à pied » comme on disait spontanément auparavant pour tout ce qui traîne dans la rue (sauf les malpropres), c’est un pur nom de carnaval à l’ancienne, un peu dépassé, et surtout c’est franchement moins organisé.
La municipalité de Fort-de-France agit
La Municipalité de Fort-de-France améliore sa prise en charge des festivités du Carnaval
On a vu que la création de la Mission Carnaval démontre la volonté de la Municipalité dirigée par Serge Letchimy de parvenir à faire de Fort-de-France le lieu d ‘ expression central de cette tradition en Martinique.
Des problèmes de démarrage de cette lourde tâche, et une envie de maîtriser beaucoup de facteurs en même temps, ont pu conduire à des faiblesses de programmation et d’exécution: Arrêt du Village Carnaval, annulation du bal public, l’absence de réponse pour certaines demandes, etc…
Malgré tout, les résultats sont tangibles et se traduisent par un engagement budgétaire effectif, une amélioration de la sécurité, des relations en progression avec les carnavaliers par les contacts directs, le financement des prestations de la journée d’ouverture de janvier, ce qui n’est pas une mince affaire quand on connaît les difficultés financières du chef lieu.
D’ailleurs, pour cette raison, la Ville n’a pas directement subventionné les projets retenus, mais accordé aux associations une aide technique et le bénéfice de bons de commande permettant l’achat de fournitures diverses auprès des commerçants qui acceptent cette solution.